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Chaussures Aux Pommes
1 avril 2009

Rougail Saucisses version Zoreil

Il est important d’écouter du Black Metal pendant la préparation de ce plat en souvenir des esclaves.

Le rougail saucisses, plat réunionnais s'il en est, est comme une ampoule. C’est ce que l’on pourrait appeler un plat à spectre large. En effet, il peut convenir à tout un tas de personnes, notamment aux amateurs de ralouf, aux  noirs (que l'on peut aussi appeler renoi, mais pas black non hein) et aux bretons.  Je tiens tout de fois à faire remarquer qu’à la différence d’une ampoule, il est impossible de visser un rougail dans une douille, il convient donc de faire attention. A noter que tel le Cari, le Rougail peut être fait avec n’importe quoi, il suffit de remplacer les saucisses par autre chose et de se méfier du temps de cuisson. Ainsi si vous êtes juif, vous pouvez faire un Rougail de Merlu. Mais c’est dégueulasse le Merlu. Quelle idée aussi.
Voilà donc une version métro du plat, car je suis à peu près aussi réunionnais que la conscience politique de Christine Albanel est républicaine. Comprenez par là que c’est sans piment. Oui car les piments oiseaux sont un mal absolu qui entrainent une mort lente dans d’atroce souffrance chez le zoreil, et ce même en se tapissant le gosier de mie de pain après coup.
Notez aussi que ce plat est à base de curcuma. Donc, si vous aimez votre casserole, si vous la trouvez beeeeeelle, vous l’aimez d’un amour pur et sincère et tout, prenez autre chose. Le curcuma jaunit tout ce qu’il touche. Par exemple, en cas d’envie pressante et irréversible pendant la préparation du plat, et si vous êtes un homme, votre engin passera de surnoms typiques comme Robert ou Popol à Nain Jaune ou authentique Ophidien jaune de Guyane selon vos proportions. Et lavez vous les mains en revenant merde quoi. Préparez bien sur une cérémonie funéraire à vos Tupperware si vous comptez en congeler.

Ce qu’il vous faut :
-Une main gauche
-Une main droite
-Un pied n’est pas nécessaire
-Une saucisse de Montbéliard par personne, oui ça parait toujours bizarre un plat de la Réunion avec des saucisses du 90 mais bon, sinon n’importe quel saucisse fumée fait l’affaire, pour ma part je conseille les Montbéliard Reflet de France à Carrouf parce que l’enveloppe de la saucisse est suffisamment  « solide » pour éviter à l’aliment de forme phallique de se dépiauter dans la casserole.
-Deux tomates (genre tomates en grappe) par personne  à couper en dés
-Un gros oignon jaune par tranche de deux personnes à couper en petites lamelles
-Trois bonnes gousses d’ail à raper
-Thym
-Sel
-Gingembre
-Curcuma (du Safran indien)
-Du riz (genre brisure de riz)
-Des haricots rouges (genre boîte Cabanon)

Voilà, on a tout, on est des fous, on se lance :
-Remplir une casserole d’eau froide, y mettre les saucisses, la faire bouillir pendant 20 minutes. Et là, deux choix s’offrent à vous comme si on était dans un livre dont vous êtes le héros, vous pouvez soit piquer les saucisses avant de les faire bouillir afin de limiter les projections d’eau et de graisse quand vous allez la découper mais c’est moins bon car le gras c’est la vie, soit ne pas les piquer et aller chercher un masque de soudeur et un bleu de travail afin de vous protéger de l’ébouillantage (ce mot existe, c’est dingue) , soit faire confiance au Magicien qui vous demande de faire un jet d’agilité et aller directement à la page 8.
-Maintenant on découpe les saucisses en tranches relativement fine. Bonnes projections.
-Faites chauffer à feu vif un fait-tout ou une grosse casserole en ferraille typique de la Réunion, balancez y les tranches de saucisses et faites bien doré 2-3 minutes par face (oui c’est amusant de retourner 50 tranches).
-Ajoutez les oignons, remuez
-Ajoutez l’ail 2-3 minutes après, remuez
-Ajoutez le thym et le gingembre, remuez. Là c’est à votre gout, personnellement je suis généreux sur le gingembre, je dois mettre une bonne cuillère à café.
-Ajoutez le curcuma. Alors relevé ou pas relevé le plat ? A vous de voir, plus vous en mettez, plus le plat aura de gout, mais si c’est pour pas le manger après heiiiin. J’y balance une bonne cuillère à café de mon côté.
-Là on fait appelle à la force caché qu’on a en soit en on remue bien tout ça.
-Ajoutez les tomates.
-Ajoutez de l’eau. L’eau ne doit pas recouvrir les aliments, juste assez pour qu’on la voit sous les aliments du dessus.
-Salez.
-El cuisson finale ! 20 minutes sans couvercle à feu moyen pour que les tomates balancent tout leur jus, coquines, et que la sauce s’épaississe. Selon la qualité des tomates, il faut laisser plus longtemps des fois.

Bon c’est bien beau mais ça ne se mange pas tout seul ça.
Les Réunionnais ne mangent pas de pain. Ils mangent du riz, ils en collent partout, faites un cassoulet pour voir. On va donc faire couleur local et se faire du riz avec. Pas de recette là, si ce n’est que le riz façon créole se fait dans un cuiseur automatique et non pas à la casserole. Je le fais toujours blanc, mais rien ne vous empêche de rajouter du curcuma dans l’eau du riz afin de colorer et de relever le riz. Ah si une chose, vous n’avez pas envie de passer deux heures à nettoyer le cuit-riz, à vous de voir.

Et pour continuer dans le traditionnel, on me mange pas le riz sans rien, on y ajoute des « grains », nom générique donné à la branche pois/haricots. Pour les plats ou la tomate est très présente, je préfère les haricots rouges, mais au choix vous pouvez taper dans lentilles, haricots blancs, pois cassés, pois du cap… même des patates préparés.

Bon allez, on nous notre boite d’haricots rouges préparés (sec si vous avez le temps, c’est jamais mon cas), on verse un bon tiers de la boite dans une casserole, et on écrase tout ça, faut en faire de la pâtée de ces saloperies d’haricots qui ont traités votre mère (je vous motive), on ajoute un fond d’eau, du curcuma et du thym. On fait cuire 5 minutes à feu doux. Ajoutez le reste de la boite, écrasez un peu et laissez cuire 5-10 minutes en remuant pour pas que ça accroche au fond (PRO TIPS : ça devient du plâtre une fois sec cette mixture, donc on fait tremper tout le matériel sous la flotte le plus vite possible après cuisson).

Une portion de riz, une portion de grains, une portion de Rougail et vous voilà dans les îles. Un convive vous fait le coup du « euuuuuhh ca piiiique ? » ou « euuuuh j’aime pas les haricots » ? Insistez, le Rougail est un plat addictif, les gens qui sont réticents finissent par s’en mettre plein les bas joues.
Pour ceux qui voudraient encore plus le couleur local : le piment. Bon le piment on peut le mettre dans le plat direct, mais ça veut dire que 80% des gens autour de la table vont vous insulter secrètement. Donc ce que vous allez faire c’est préparer un Rougail tomate. Prenez un petit bol, hachez une tomate bien mûre dedans, ajoutez du sel et du gingembre, un peu d’oignon, un ou deux petits piments, genre piment oiseau (ça arrache, méfie) et on écrase tout ça comme on peut.

La prochaine fois je vous apprendrai à cuisiner de la daube d’informaticien.

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Commentaires
P
Bon, j'avoue j'ai ri (et j'ai repensé à ton rougail qu'est bien bon ma foi).
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